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Projet de recherches sur l’art rupestre himalayen (2017-2024)

Il y a eu en Himalaya occidental moins d’une dizaine de fouilles ponctuelles, toutes périodes confondues. Ainsi la recherche archéologique repose principalement sur l’analyse du matériel de surface. Au cours des cinquante dernières années, l’art rupestre s’est révélé être une source d’information précieuse, par sa quantité, sa diversité et son immobilité pour comprendre le passé de l’Himalaya, depuis le Néolithique jusqu’au début du deuxième millénaire de notre ère. 

Après avoir été l’apanage d’un petit nombre de missionnaires depuis sa découverte à la fin du 19e siècle, puis d’explorateurs occidentaux dans la première moitié du 20e siècle, l’art rupestre en Himalaya a fait l’objet, depuis la fin des années 1970, de recherches de la part d’une dizaine de chercheurs locaux et internationaux. Le premier ouvrage consacré à l’art rupestre du Ladakh parut en 2007 sous la forme d’un catalogue et une thèse de doctorat en proposant une analyse approfondie fut soutenue en 2010. Depuis dix ans, la reconnaissance de son importance scientifique et de sa valeur patrimoniale se sont accrues de façon spectaculaire.

Bien que la documentation relative à l’art rupestre soit encore parfois réalisée individuellement, plusieurs initiatives émanant d’équipes dirigées par des personnalités issues d’horizons divers (tels que des ONGs spécialisées dans la protection du patrimoine, des amateurs éclairés d’art rupestre et des universitaires) ont récemment vu le jour aux niveaux régionaux, nationaux, et internationaux.

Si l’on ne peut que se féliciter de cet intérêt récent, on peut regretter que ces différentes initiatives aboutissent souvent à des données redondantes alors que de nombreux sites d’art rupestre sont confrontés à des menaces imminentes. Dans le meilleur des cas, les données collectées ne sont pas comparables car chaque initiative suit son propre système, empêchant une étude globale. Dans le pire des cas, les données sont peu utiles car elles ne peuvent pas être traitées scientifiquement. C’est que certains collègues, spécialistes d’art rupestre dans d’autres parties du monde, dénomment ‘art rupestre touristique’ : malheureusement en Himalaya une grande quantité de données publiées appartient à cette catégorie. Il s’agit de simples listes de sites rupestres dont la documentation consiste en des photographies sans contexte, ni relevé ni prise de notes bien que les coordonnées géographiques de ces sites soient parfois publiées comme dans l’inventaire archéologique du Ladakh qui répertorie plus de 500 sites rupestres.

En partant de ce constat, nous nous sommes efforcés de construire un jeu de données standardisé. Cette étape longue et laborieuse est la condition nécessaire pour fournir un cadre cohérent à l’interprétation de tout art rupestre, quelle que soit la zone d’étude, avec pour objectif en Himalaya de mieux caractériser cet ensemble culturel et ses spécificités régionales.

En d’autres termes, afin d’être scientifiquement exploitables, les données passées et futures doivent être homogénéisées selon une méthode précise, conforme aux normes internationales d’études sur l’art rupestre, tout en étant adaptées au contexte himalayen.

Dans cette optique, grâce au soutien de plusieurs institutions, des engagements ont été pris dans le cadre de ce projet avec la production d’une base de données et d’un manuel, à la fois indépendants et complémentaires, conformes aux normes actuelles de la Science Ouverte et des Humanités Numériques. Ces outils ont pour objectif de contribuer à la fois  à la recherche et à la préservation du patrimoine tout en garantissant l’accessibilité du matériel en respectant les principes FAIR, c’est-à-dire: Facile à trouver, Accessible, Interopérable, Réutilisable. Le projet s’appuie sur les services à disposition des chercheurs en SHS de l’Infrastructure de Recherche (IR) française Huma-Num.



Copyright: Martin Vernier 2018

Le projet HiRADa a été initié en 2017. Son évolution, année par année, peut être consultée dans les rapports MAFIL 6; MAFIL 8; MAFIL 9 et MAFIL 10.



Galerie

Vidéo de présentation du projet (2022, en anglais)

  • Approche multiscalaire

    Afin d’assurer une étude systémique de l’art rupestre conforme aux normes actuelles, c’est-à-dire de le considérer à la fois dans ses contextes naturel, archéologique et artistique, nous avons choisi de l’étudier par une approche multiscalaire. Elle couvre différents niveaux d’analyse, en partant de la macro à la micro unité : la localisation, le support et l’art.

    Crédits de l’image: Danielyan / Vernier / Bruneau 2023
  • Collection de référence

    Une collection de référence, composée de données collectées au Ladakh pendant deux décennies par Martin Vernier et Laurianne Bruneau – que ce soit séparément ou ensemble – puis à partir de 2013 dans le cadre de la MAFIL, a été utilisée comme preuve de faisabilité (proof of concept) afin de valider le protocole mis en place pour le projet.

    L’ensemble est composé, par ordre croissant, de données spatiales (0,5% du jeu de données), visuelles (5% du jeu de données) et descriptives (94,5% du jeu de données). Les 3 types de données sont reliés par un identifiant unique qui consiste en un code généré d’après l’analyse multiscalaire. La mise en place du système de code permet une meilleure organisation et identification des données en format numérique et garantit leur réutilisation, conformément aux principes FAIR.

    Crédits de l’image: Danielyan / Vernier / Bruneau 2023
Données spatiales
130 sites d’art rupestre

ont été géolocalisés au Ladakh dont 41 prospectés et 89 sites documentés de manière systématique (rapport MAFIL 9, p.10-11).

Crédits de l’image: Abram Pointet 2021
Données visuelles

Il s’agit de vues aériennes (238 images), de cartes (170 images), de croquis (97 images), de relevés in situ (563 images), mais surtout de près de 

13 000 photographies

dont la plupart a fait l’objet d’un post-traitement systématique (numérotation des surfaces, des motifs et des scènes).

Crédits de l’image: Danielyan / Vernier / Bruneau 2023
Données descriptives

L’analyse systématique de 89 sites rupestres a abouti à l’identification de plusieurs milliers de roches et surfaces gravées, de près de 17,000 motifs et 1500 scènes. Tous sont décrits de manière standardisée en respectant l’approche multiscalaire. D’un point de vue pratique, les données descriptives sont saisies dans les cellules de différents tableurs correspondant à l’approche multiscalaire, soit près de 

300,000 cellules descriptives

Les tableurs garantissent un format ouvert et maniable par tous.

Crédits de l’image: Danielyan / Vernier / Bruneau 2023
Crédits de l’image: Danielyan / Vernier / Bruneau 2023
  • Thésaurus illustré pour l’art rupestre himalayen

    Afin de décrire une telle quantité de données de manière normalisée, nous avons développé un thésaurus spécifique à l’art rupestre himalayen (en anglais) dont la particularité est d’être illustré. Le développement de thésauri, encore appelés référentiels ou vocabulaires contrôlés est une pratique qui se développe beaucoup dans le domaine des SHS (Sciences Humaines et Sociales). En effet, seul un effort de terminologie permet de garantir la fiabilité des études et leur reproductibilité.

    Nous nous sommes appuyés sur les efforts de standardisation déjà réalisés dans le domaine des études sur l’art rupestre en général et sur l’art rupestre himalayen en particulier. Publié sur Opentheso, un logiciel libre de gestion de thésaurus multilingue, le thésaurus reflète les principaux concepts de l’approche multiscalaire, à savoir la localisation composée du site et de la zone, le support avec la roche et la surface gravée et enfin l’art composé des motifs et des scènes. 

    Le thésaurus consiste en 358 termes ou concepts hiérarchisés, définis et illustrés (près de 600 dessins rassemblés sur 223 illustrations, accessibles ici) soit:

    – 90 concepts pour la localisation;

    -38 concepts pour le support;

    -230 concepts pour l’art.

    Prenons pour exemple le yak, emblème de l’art rupestre himalayen qui appartient à la branche zoomorphe. Des concepts associés, dans ce cas précis au nombre de 20, en permettent une description détaillée. Une définition précise est également fournie ainsi qu’une illustration montrant la diversité des représentations de yak dans l’art rupestre de l’Himalaya. 

    Crédits de l’image: Opentheso: Bruneau / Vernier / Danielyan 2023
  • Publication du jeu de données

    L’ensemble du jeu de données est publié dans l’entrepôt Nakala qui est un service de Huma-Num et qui permet le stockage de façon sécurisée, des données de la recherche avec l’attribution d’identifiants pérennes (DOI) citables dans les publications. Cet entrepôt national et public assure l’accès, la conservation et l’archivage à long terme des données de la recherche. Ainsi les données visuelles sont déjà accessibles et librement réutilisables car elles sont placées sous licence ouverte (CC-BY). A terme les données descriptives seront également déposées. 

    Pour rendre les données intelligibles sur le long terme, il a fallu faire l’effort de fournir des métadonnées les plus détaillées possibles. Les données déposées dans Nakala permettent de consulter les sites d’art rupestre dans leur totalité en respectant l’approche multiscalaire. Toutes les données sont accessibles à travers différentes collections (188 collections au total) regroupant des ensembles de données cohérentes : il s’agit de collections par région, par site ou par type d’image.

    Par exemple, les données collectées entre 2013 et 2015 lors des campagnes de terrain de la MAFIL sont accessibles via la collection consacrée à la Nubra. La documentation rassemblée en 2013 à Chomolung lors de prospections est disponible via une collection spécifique au site tout comme le site de Kushuwar qui a fait l’objet d’une documentation systématique cette même année. Enfin on peut prendre pour exemple les collections rassemblant les relevés in situ ou les cartes.

    Information pratique pour une visualisation correcte des collections dans Nakala: en haut à droite Trier par: Date de dépôt croissante et choisir l’affichage en mode vignette.



  • La base de données

    La prochaine étape du projet est la mise en ligne d’une base de données (Himalayan Rock Art Database, HiRADa). Actuellement en version test, la base de données sera accessible au public courant 2024 via un site internet dédié. Ce dernier permettra non seulement de lier consulter aisément les données actuellement publiées sur Nakala et Opentheso mais aussi, et surtout,  d’effectuer des recherches avancées dont les résultats pourront être visualisés via une interface cartographique. Celle-ci permettra, par exemple, de cartographier les recherches déjà menées par Ani Danielyan sur plus de 1450 scènes rupestres (rapport MAFIL 9, pages 7-10) et celles de Nils Martin sur près de 400 inscriptions rupestres en tibétain (rapport MAFIL 10, page 14). 

    La mise en ligne de la base de données sera le moyen de partager nos résultats. Toutefois, nous souhaitons également partager la méthode mise en place dans le cadre du projet via la publication d’un manuel. 



  • Manuel pour la documentation de l’art rupestre en Himalaya

    Conçu comme un outil pratique pour collecter des données fiables (c’est-à-dire scientifiquement exploitables), le manuel fournit une méthode pour recueillir des informations spatiales, visuelles et descriptives en respectant l’approche multiscalaire (rapport MAFIL 9, p.12-13). La méthodologie proposée, que ce soit avant, pendant et après le terrain, se veut simple pour que tout un chacun puisse contribuer à la documentation de l’art rupestre selon son souhait, du simple signalement d’un site à sa documentation systématique. Le manuel comporte, entre autres, trois fiches de terrain, chacune correspondant à l’analyse multiscalaire et peuvent être remplies grâce au thésaurus illustré. Les données ainsi collectées peuvent être facilement intégrées à la base de données pour les personnes qui le souhaitent. Afin de permettre un accès facile au manuel HiRADa et d’en optimiser la diffusion, le manuel sera disponible en libre accès, en noir et blanc, au format standard A4, à la fois imprimable et reproductible de manière peu coûteuse.

    Crédits de l’image: Opentheso: Bruneau / Vernier / Danielyan 2023
  • Transmission

    Notre souhait de transmission émane d’une réflexion sur la problématique de l’appropriation culturelle dans le domaine des études aréales. Dans le cas de l’art rupestre, on peut s’interroger sur l’appropriation que les chercheurs occidentaux font d’un patrimoine qui n’est pas le leur et des connaissances qu’ils en tirent. En publiant en accès ouvert à la fois le jeu de données et la méthode utilisée pour l’analyser, nous espérons en partie répondre à ce sujet sensible et complexe. L’accès aux données ne doit pas dépendre de l’accès à internet. Pour cette raison nous fournirons une copie des données sur un disque dur à certaines institutions nationales indiennes ainsi qu’à toute organisation himalayenne et/ou universitaire qui en fera la demande. 



  • Un projet collaboratif

    Dans cette perspective de partage des données nous souhaitons que le projet devienne collaboratif. Plusieurs acteurs, qu’ils soient universitaires, impliqués dans des ONG de protection du patrimoine ou amateurs éclairés d’art rupestre, en Inde et au Pakistan, nous ont sollicités dès 2021. Ceux-ci ont pu tester une version préliminaire du manuel sur le terrain, dans le cadre de sessions de formation ou en totale indépendance, et ont considérablement contribué à son amélioration. Aussi les données collectées dans la vallée de Yasin dans le nord du Pakistan, au Lahaul et dans la vallée de la Spiti en Inde pourront à terme être intégrées à la base de données (MAFIL 10, p.17-35). Pour nous assurer de collaborations durables, il va nous falloir faciliter le processus d’acquisition et de traitement des données. Pour cela, nous échangeons avec plusieurs collègues menant des projets collaboratifs en art rupestre ailleurs dans le monde, notamment en Australie, et qui utilisent sur le terrain une application spécifique. 

    Crédits de l’image: Opentheso: Bruneau / Vernier / Danielyan 2023
  • Un patrimoine numérisé

    Le manuel et la publication en ligne des données sont également un moyen de contribuer à la préservation de l’art rupestre himalayen. Dans l’Himalaya, l’art rupestre n’est pas sujet au pillage mais aux détériorations et à la destruction. Les roches gravées y sont souvent cassées, explosées ou ensevelies. L’intensification du réseau routier en Himalaya qui est une zone frontière politiquement sensible, la construction en cours du barrage de Basha dans le nord du Pakistan sur le cours du haut-Indus ou encore l’abandon de la terre crue comme matériau de construction au profit de la pierre sont des menaces quotidiennes. Plusieurs sites que nous avons documentés ces vingt dernières années et qui font partie du jeu de données HiRADa, ont subi d’importantes destructions (Zamthang, Domkhar), disparus en partie (Alchi Zampa Thang, Yaru Zampa) ou en totalité (Leh: les zones 1, 2, 3 et 4 ont été détruites depuis leur documentation).

    Devant l’urgence de la situation, nous avons fait le choix de rendre public la localisation des sites rupestres dans l’espoir d’encourager la protection de ceux déjà documentés et la documentation systématique de ceux qui ne le sont pas encore. Notre choix a également été motivé par le fait qu’un inventaire du patrimoine ladakhi a récemment été rendu public et que les coordonnées de tous les sites, y compris rupestres, aient été publiés. Nous espérons que la mise en ligne respective de ces deux projets sensibilise les autorités à la protection du patrimoine rupestre. 

    Crédits de l’image: Opentheso: Bruneau / Vernier / Danielyan 2023
  • Une ouverture vers le grand public

    Afin de sensibiliser le public, hors de la communauté scientifique, à la valeur patrimoniale de l’art rupestre himalayen, le projet s’appuie sur l’expertise d’Ahtushi Deshpande, écrivaine et photographe indienne basée à Delhi, qui documente l’art rupestre du Ladakh depuis 2011. Ahtushi a parcouru le Ladakh en long et en large pendant plus de dix ans (18 visites) pour un projet personnel de documentation photographique de l’art rupestre. Elle a utilisé des techniques spécifiques, telles que la photographie nocturne et le light painting, qui permettent de montrer cet art ancien sous un jour nouveau. En tant que journaliste, les recherches d’Ahtushi mettent également en évidence sa compréhension approfondie du sujet et sa capacité à le faire connaître du grand public. Son ouvrage, intitulé Speaking Stones – The Rock Art of Ladakh, a été publié en Inde au printemps 2024.

    En octobre 2023, Ahtushi a exposé deux de ses photographies à l’Humathèque au Campus Condorcet, dans le cadre d’une exposition collective intitulée ‘Les études aréales face à leur terrain’. Elle a également contribué, via plusieurs photographies, à un article consacré à l’archéologie du Ladakh, par Laurianne Bruneau et Samara Broglia de Moura, pour la revue Archéologia (n° 625, nov. 2023). A l’automne 2024, Ahtushi organisera une exposition photographique à la médiathèque Edmond Rostand de la Ville de Paris sur l’art rupestre du Ladakh. Cette exposition itinérante voyagera en dehors de France et sera à terme présentée à travers l’Inde.



  • Soutiens institutionnels et/ou financiers

    • Centre de Recherche sur les Civilisations de l’Asie Orientale (CRCAO/UMR8155);
    • Fondation des Treilles (Séjour d’études 2018);
    • Projet de recherche international ‘Upper Indus Petroglyphs and Inscriptions in Northern Pakistan’, Wildrid Laurier University, Canada;
    • Initiatives de Recherches interdisciplinaires et stratégiques (IRIS) SCRIPTA. Histoires et pratiques de l’écrit de l’université PSL pour le projet Paysages rupestres (2019);
    • Dispositif de soutien à la recherche ‘Emergence(s)’ de la Ville de Paris via le projet «Archéologie himalayenne : culture matérielle et réseaux du passé» (Lauréat de l’AAP 2018-2019);
    • Accompagnement numérique du Consortium Huma-Num DISTAM (DIgital STudies Africa, Asia, Middle East) (2022-2023);
    • La société Microgis, données géo-statistiques et cartographiques.